La poésie est un genre littéraire encore méconnu et malheureusement bien souvent mis de côté par les enseignants·es. Alors que certains·es d’entre elleux craignent ne pas avoir de textes assez longs pour obtenir suffisamment de traces, d’autres manquent tout simplement d’intérêt. À ces enseignants·es inquiets·ètes, je réponds que bien que les textes soient généralement plus courts, je vous propose d’évaluer un ou deux critères seulement. Je trouve qu’évaluer les critères relatifs aux idées et au vocabulaire est assez facile. À celleux qui manquent de motivation, je vous invite à lire cet article qui vous convaincra peut-être d’intégrer la poésie à votre enseignement.
C’est quoi un poème?
Soyons francs, la poésie n’est habituellement pas le genre littéraire que les élèves recherchent d’elleux-mêmes. Il est donc important de leur en lire fréquemment. Il s’avère donc essentiel de sélectionner des textes modèles qui les intéressent et qui sont accessibles pour elleux. J’aime beaucoup les collections HOP (Foulire) et Clin d’oeil (De l’Isatis), car elles conviennent parfaitement au niveau de lecture de mes élèves de deuxième et troisième année. La collection Poésies pour Zinzins (Foulire) et des titres tels que Ça marche! Et autres poèmes sportifs, Branchez-vous! Et autres poèmes biscornus ainsi que La langue au chat et autres poèmes pas bêtes (Les 400 coups), qui s’adressent à un public plus vieux, sont aussi très intéressants.
Chaque année, je prends aussi le temps d’expliquer à mes élèves à quoi sert la poésie. Que l’intention soit de raconter, de divertir ou encore de convaincre, il est important de l’avoir en tête lorsque l’on écrit. Je leur dis aussi que la nature et les sentiments sont des thèmes très exploités en poésie.
Comment écrire comme un·e poète?
La toute première leçon que j’enseigne à mes élèves année après année est la façon d’écrire comme un·e poète, car ce·tte dernier·ère n’écrit pas de la même façon que tous·tes les autres auteurs·es. Celleux-ci portent des lunettes de poète afin d’obtenir la musique des mots. Au-delà de la sonorité, chacun des vers doit faire du sens, nous faire ressentir quelque chose et nous donner une image dans notre tête.
Comment donner une image dans la tête?
Mes élèves étant assez jeunes, il leur est difficile de composer des phrases pour qu’elles donnent une image dans la tête de leurs lecteurs·rices sans qu’elles soient froides et vident de sens et d’émotion. C’est à ce moment que j’insère les deux leçons suivantes : la comparaison et les mots forts.
- La comparaison : Bien que les élèves l’aient habituellement vue un peu plus tôt dans l’année, j’aime leur rappeler que ce procédé d’auteur·e s’utilise bien en poésie. Je leur explique que les comparaisons aident le·la lecteur·rice à se faire une image dans sa tête. J’écris préalablement un poème dans lequel il y a des comparaisons et je demande aux élèves de les repérer.
- Les mots forts : L’utilisation de mots forts de sens est essentielle en poésie. Elle permet d’identifier l’intensité des mots pour ainsi se faire une image plus précise dans la tête. J’écris par exemple des mots qui à priori veulent dire la même chose et je leur demande de les graduer.
La structure d’un poème
Je présente par la suite la structure d’un poème. J’explique aux élèves qu’une ligne se nomme un vers, qu’un paragraphe se nomme une strophe et qu’une phrase peut s’écrire sur plusieurs vers. Iels sont même surpris·es lorsque je leur dis que les poètes n’écrivent pas toujours des phrases complètes. Rappelons-nous que les poètes n’écrivent pas comme les autres auteurs·es. D’ailleurs, il est important de parler des majuscules et des points, car les élèves remarqueront rapidement que le·la poète ne les utilisent pas toujours comme nous sommes habitués·es de le faire. Parfois, iel préfère les utiliser de façon traditionnelle, d’autres fois, iel ne met aucun point et préfère mettre une majuscule au début de chacun des vers.
Comment obtenir une sonorité intéressante?
La sonorité étant primordiale en poésie, je trouve important d’enseigner aux élèves comment l’obtenir (ou tenter de l’obtenir). C’est à ce moment, dans le cadre de trois petites leçons, que j’aborde les onomatopées, les rimes et le poids des mots.
- Les onomatopées : Les élèves connaissent déjà les onomatopées pour les intégrer à leurs textes depuis le début de l’année. J’utilise habituellement un texte modèle en contenant pour leur rappeler qu’ils peuvent en intégrer dans leurs poèmes. Je précise toutefois que nous devons les utiliser modérément.
- Les rimes : Sans exiger leur utilisation, je leur présente différents types de rimes. (Exemples : ABAB, AABB, ABBA) Je trouve cela important de voir avec elleux ce que sont les rimes et de souligner qu’ils amènent une sonorité intéressante à un poème. Je commence évidemment le tout en leur lisant un texte modèle dans lequel il y a des rimes.
- Le poids des mots : Comme les élèves changent normalement de ligne que lorsqu’iels n’ont plus de place, il est essentiel de leur enseigner à quel moment changer de vers en poésie. Je leur explique qu’il est important de respecter l’écriture par groupes de mots, mais qu’il arrive qu’un mot ait plus d’importance qu’un autre et qu’on veuille alors le laisser seul dans un vers. Afin de modéliser la technique, j’écris un poème sans me soucier du poids des mots. Je lis le poème tel qu’il est. Les élèves constatent alors le manque de sens et l’absence de sonorité flagrante. Iels m’aident alors à mettre des barres obliques dans le texte pour identifier où iels effectueraient un changement de vers. Avant de tracer la barre, nous prenons le temps de vérifier si la suggestion fait du sens. Un coup l’exercice complété, je relis le poème en respectant les nouveaux choix faits. Les élèves sont alors en mesure de constater que le poème a plus de sens et qu’il a une sonorité désormais plus intéressante. Je les encourage par la suite à faire la même chose avec leur poème en cours.
Quelques activités intéressantes
- Le champ lexical : Parmi les premières leçons enseignées, j’aime beaucoup intégrer le champ lexical, car celui-ci permet de mieux planifier l’écriture d’un poème à partir d’un thème. Dans le cadre de la leçon, je lance un thème aux élèves et je leur demande de trouver des mots inspirés par celui-ci.
- Ode à un objet du quotidien : Peu de temps après avoir enseigné la leçon « Comment écrire comme un poète? », j’aime prendre un objet du quotidien et montrer aux élèves que, même s’il peut paraître banal, il peut inspirer un poème. Je débute par montrer un objet aux élèves. Je choisis habituellement un crayon. Je leur demande de le décrire et de m’expliquer son utilité. C’est alors que j’affiche le poème « Mon crayon » et que j’enseigne la leçon en lien avec la comparaison (voir plus haut).
Un recueil de poésie
À chacune des leçons, à moins que je ne leur demande de participer à une activité bien précise, les élèves sont libres d’écrire un nouveau poème ou de continuer un poème déjà entamé. Vers la fin de mes leçons, je leur demande de choisir le poème pour lequel iels ont plus de fierté afin de le peaufiner. Je leur mentionne que nous allons monter un recueil de poésie avec nos poème chouchous. Iels débutent alors la révision ainsi que la correction. Lorsque vient le temps de publier leur poème, je leur fais remarquer qu’iels peuvent utiliser une calligraphie particulière pour quelques mots importants, orienter leurs vers différemment, ajouter de la couleur ou encore des illustrations. Je leur demande aussi d’écrire le titre de leur poème et leur nom en haut de la feuille. Mes élèves qui ont la fibre artistique plus développée deviennent alors très enthousiasmés·es par le projet.
Alors, vous laisserez-vous tenter par la poésie ?
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